Les manifestations contre la limitation de vitesse à 80 km/h

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Plusieurs facteurs sont à l’origine des accidents de circulation. Le facteur humain est l’une des causes majeures. Par exemple, l’excès de vitesse peut particulièrement être incriminé. Pour réduire un peu les accidents mortels, le gouvernement a décidé de limiter la vitesse à 80 km/h. Cette limitation de vitesse ne s’appliquera que sur les routes départementales secondaires à double sens. Bien entendu, cette décision n’est pas du goût de tout le monde. Cette nouvelle mesure prendra effet en juillet 2018. Quelles sont les raisons qui ont poussé le pouvoir à prendre une telle décision ? Quels sont les impacts et les limites d’une telle décision ?

Sommaire

Pourquoi faut-il limiter la vitesse sur les routes secondaires ?

Le gouvernement a décidé d’abaisser la vitesse de 80 km/h sur les routes secondaires à double sans terre-plein central. En France, on enregistre environ 3 500 décès dans les accidents de la route chaque année. Cette statistique est en hausse depuis 4 ans. En effet, les statistiques relatives aux accidents graves révèlent que les routes secondaires sont particulièrement dangereuses. Pas moins de 87 % des accidents mortels ont été recensés sur ces axes.

Le département de Lot-et-Garonne est particulièrement touché, comme en témoigne sa préfète. Patricia Willaert fait remarquer que sa région a connu de nombreux accidents graves en période de fin d’année. Elle note aussi que les axes routiers les plus touchés sont entre autres la RD813 et la RN21. De plus, les forces de l’ordre, notamment les gendarmes, fustigent le comportement des usagers de la route. Selon eux, la grande vitesse est la principale cause des accidents mortels. Le Conseil National de la Sécurité Routière a donc décidé de baisser la vitesse de 10 km/h.
Le fait que cette réglementation ait connu du succès dans certains pays européens a grandement favorisé son adoption.

Quels sont les avantages d’une telle mesure ?

L’intérêt de baisser la vitesse à 80 km/h se trouve dans la volonté du gouvernement de sauver des vies.

En effet, selon les projections, cette mesure permettrait de sauver entre 200 et 400 vies chaque année.

Les statistiques prédisent même que ce nombre pourrait atteindre 600, si la loi venait à être vraiment respectée. Le gouvernement prend pour référence les modèles mathématiques de Nilsson et Elvik. Ces derniers ont mené une étude qui établit une certaine corrélation entre la mortalité routière et la vitesse de circulation. Cette étude stipule qu’un changement de 1 % de la vitesse entraîne une diminution de 4 % des accidents mortels.

Est-ce que la limitation de vitesse résout vraiment le problème ?

Cette nouvelle loi de limitation de vitesse ne fait pas que des heureux. En effet, même si la loi n’est pas encore en vigueur, nombreux sont ceux qui manifestent leur courroux. La majorité des usagers de la route sont perplexes. Ils dénoncent une machination du gouvernement. Selon eux, les raisons de cette limitation de vitesse sont dissimulées. Ils accusent l’Etat de vouloir augmenter les recettes en collant plus d’amendes. C’est pourquoi des manifestants ont protesté contre cette nouvelle loi dans certaines villes, notamment Saint-Brieuc, Lanester, Nantes, Cholet.

Anthony, un des manifestants venus à Pornic avec sa voiture, exprime les sentiments de nombreuses personnes. Il dit : « Je suis un travailleur pauvre, donc je n’ai pas droit à l’emprunt. Les contraintes que je subis de l’État sont déjà trop. Le prix d’un contrôle technique à Nantes passera bientôt à 120 euros. 132 points de contrôle étudiant, ainsi que 606 défauts possibles seront fonctionnels. 467 d’entre eux seront soumis à l’obligation de contre-visite. Alors qu’actuellement, on compte 123 points de contrôle pour 453 défauts avec 196 pour obligation de contre-visite ; une hausse de 100 % en seulement trois ans. Même les péages augmentent, c’est l’horreur ».

Une autre idée qu’expriment les manifestants est que la vitesse n’est qu’un facteur aggravant les accidents de route, et non une cause évidente. Des études ont déjà montré que les causes majeures sont la somnolence, l’ivresse et l’imprudence. De plus, l’insuffisance ou le mauvais état des infrastructures ne sont pas à occulter. Pour réduire les accidents de circulation, il serait plus judicieux d’améliorer la qualité et la sécurité du réseau routier.

Les conducteurs craignent surtout les conséquences de cette mesure sur les durées des trajets. Si la loi devenait effective, il faudrait désormais 7 minutes 30 pour parcourir 10 kilomètres. Cela équivaut à une minute de plus si l’on conduisait à 90 km/h. C’est sur de longues distances que le retard se fera surtout remarquer.

La loi sur la réduction de la vitesse à 80 km/h a pour finalité la réduction des décès dans les accidents de route. Sa mise en application pose cependant de multiples problèmes, et la plupart des usagers de route ne la désirent pas. Malgré les avantages qui peuvent en découler, beaucoup pensent qu’investir dans les infrastructures routières reste la meilleure solution.